Rue parcourue par mes yeux, mes pas et mes pensées depuis plusieurs années, je suis un témoin non privilégiée de son embourgeoisement et de sa cheaperie qui s'élèvent à des niveaux insoupçonnés pour quiconque il y a de cela quelques années seulement.
Dernier vestige de ce monde underground, vivant et décapé qui a un jour vécu et pris possession du centre-ville et de la rue st-jean, la sombre et barbouillée de graffitis Récréathèque fréquentée par les hipopeux du coin et les pas-encore-18-ans a récemment eu les portes closes, pour je ne sais quelle raison (et j'ai pas envie de chercher).
Le changement est tellement radical que ça m'a pris 2-3 fois avant de passer devant le local et que ma lanterne s'allume... Fuck c'est qu'on en a fait un local tout propre, tout droit et d'une laideur commerciale à faire peur à la fille qui déteste le conformiste à faire vomir que je suis... Un magasin de produits d'érable!!!!!!!!! Au secours!!! de la crème glacée à l'érable, du sirop d'érable, du beurre d'érable, des cossins à l'érable, des chandails écrit érable dessus avec la feuille emblème de notre beau pays, en veux tu, en vlà.
Avec la non moins affreuse boutique de souliers Crocs (ya tu quekqu'un qui peut m'expliquer c'est quoi le trip?) qui a établi pignon sur rue presque en face, je vous jure que je me sens à dysney world, manège en moins et mal au coeur en plus.
Je sais pas s'il y a juste moi dans la vie qui aime mieux une rue vivante qu'une rue parcourue par les seuls touristes, une rue avec du monde bigarré qu'une rue de centre d'achat, une rue qui peut être dangeureuse qu'une rue d'une platitude infinie.
Quand je suis arrivée à Québec, fière de mes 19 ans, j'avais peur de rentrer à la Fourmi atomique tellement le doorman avait des gros bras et qu'il y avait du monde bizarre là dedans. Je me disais wow on est vraiment au centre-ville et j'aimais ça. Malheureusement, le toit s'est effrondré avant que je n'ai pu visiter assez souvent cet endroit mythique.
Il y avait aussi l'Arlo où on allait danser parfois le vendredi soir en regardant les clips passer sur l'écran géant et où on s'affalait sur des divans défoncés et probablement pas très propres de leur personnes.
Et aussi le Kashmir, et le d'Auteuil, et L'Ostradamus... Il y avait moins de magasins de gogosses et plein de punks au carré. C'était la belle vie, quoi.
Tributations de Tulipe en quête de quelque chose dans les rues de Qc city.